Histoire

La période romaine

La présence romaine est attestée à Wittenheim : les fondations d’une importante villa romaine sont découvertes lors de la construction d’un lotissement en 1978. Une des parties de ces fondations a été sauvegardée et déplacée sur la Place de Thiers. D’après l’historien alsacien Ravenez, un combat d’Arioviste contre Jules César aurait eu lieu au Horoederenhubel (mont des Harudes) dans l’actuel quartier Jeune-Bois.

Après cette bataille, la paix romaine a régné sur la Gaulle. Bernard De Ring, archéologue français (1799-1873), a constaté la présence de ruines romaines (briques et pierres de taille).

Du village à la ville

C'est en 829 qu'apparait pour la première fois le nom de Wittenheim dans un manuscrit, sous la mention « witanhaim ». D'après le spécialiste Michel Paul Urban, le toponyme Wittenheim serait à traduire par "l'habitation sur la butte" et se rapporterait à la situation du village implanté sur une butte en bordure des bois marécageux du Nonnenbruch. A cette époque, l’abbaye de Murbach y possédait des terres.

Au XIème siècle, Wittenheim possédait sans doute une chapelle et un château. Jusqu’au 1648, Wittenheim est sous la protection des autrichiens (les Habsbourg) : les Hus (famille de chevaliers de Wittenheim) sont de plus en plus puissants. En 1632, le 25 novembre, le château est détruit par les Suédois (Guerre de Trente Ans). Les habitants en fuite sont dispersés. Une partie du village est incendiée. En 1648, après le Traité de Westphalie, Wittenheim est repeuplé en grande majorité par des Suisses.

Évolution de la population :

1793 : 941 habitants
1806 : 1 034 habitants
1926 : 4 547 habitants
1931 : 7 053 habitants
1968 : 10 055 habitants
2013 : 14 403 habitants
2016 : 14 893 habitants

 

L’essor de l’industrie textile

En 1746, l’industrie textile est introduite à Mulhouse. En 1885, Kullmann et Cie entreprent la construction des Filatures et Tissages de Wittenheim. L'usine ouvre ses portes en 1888, de nombreux salariés de Wittenheim et des communes voisines trouvent de l'embauche. A l'est des bâtiments de l'usine s'élève bientôt une petite cité ouvrière : quatre maisons à deux logements pour le personnel de maîtrise. La commune connait alors un véritable boom démographique. L’usine Kullmann sera à l’origine d’un gain de 63% de population. La même année, la ligne de tramway Mulhouse-Wittenheim est inaugurée. En 1891 le "Altbau" de la fabrique Kullmann ouvre ses portes avec 20 800 broches et 700 métiers à tisser. L’usine s’agrandit en 1900 avec la construction du "Neubau". L'usine compte désormais 60 000 broches et 890 ouvriers sont employés dans cette entreprise.

Sous la domination allemande

La première banque de la commune est créée en 1887 sur le modèle mutualiste fondé par l'allemand Friedrich Wilhelm Raiffeisen (1818-1888). Cinq Wittenheimois (Fortuné Baumgartner, Joseph Erimund, Antoine Schlienger, Émile Stebler et Damien Weisbeck) créent le 4 décembre la Caisse de dépôts et de prêts de Wittenheim afin de venir en aide aux agriculteurs de la commune. Cette banque existe toujours, il s'agit de la Caisse du Crédit Mutuel.
 
Le 3 février 1889, sous l'impulsion des autorités allemandes qui poussent à la création de corps de sapeurs-pompiers volontaires, le maire Sébastien Baumgartner, le trésorier Neyer et messieurs Schlienger et Helfer paraphent les statuts fondant le corps de sapeurs-pompiers de Wittenheim.
 
En 1904, Amélie Zurcher découvre de la potasse à Wittelsheim, qui était alors un village voisin. Ce sera le début d'une industrie florissante qui marquera durablement la vie et la physionomie de ce qui deviendra le Bassin Potassique, unique gisement de sel de potasse (ou sylvinite, de formule KCl) français. A Wittenheim, plusieurs sites miniers, chacun possédant sa cité ouvrière (Kolonie), sont exploités :

  • la Mine Anna, fondée en 1907, comprend les puits Anna-Est et Anna-Ouest qui exploitent des couches de sylvinite situées entre 448 et 466 mètres de profondeur ;
  • la Mine Fernand (Reichsland), comprend les puits Fernand-Est et Fernand-Ouest qui exploitent deux couches de sylvinite situées à 539 et 560 mètres de profondeur ;
  • la Mine Théodore et la Mine Prince Eugène, situées au nord du ban communal. La première production de sylvinite fut en 1912 de 95 216 tonnes ;


L'exploitation de la potasse marqua le paysage (chevalements, terrils) mais fit surtout de Wittenheim une commune prospère. Une population laborieuse, venue des environs mais aussi d'Allemagne et surtout de Pologne, contribua à la naissance d'une riche vie culturelle et associative.

La Première Guerre Mondiale (1914/1918) n'a pas fait de dégâts matériels. La population a souffert des restrictions alimentaires, et de nombreuses victimes ont été inscrites sur le monument aux morts (100 hommes).

Annexée en juin 1940, par le régime nazi, Wittenheim est libéré dans le sang en janvier 1945. Wittenheim centre fut pratiquement détruit entièrement par un déluge de feu. Le 2 février 1945, les derniers obus incendiaires allemands mirent le feu à l’église Sainte-Marie de style baroque. Le clocher s’effondra le 4 février. Une partie des bâtiments ne fut d’ailleurs pas reconstruite et devint la Place de Thiers. Cette période très douloureuse de l’histoire de la commune lui vaut l’attribution de la Croix de  Guerre avec Étoile d’Argent en 1949. C’est le maréchal de Lattre de Tassigny qui remit la décoration à la délégation wittenheimoise venue à Colmar le 14 juillet 1949.

Après la Seconde Guerre Mondiale

À la libération, une ère de développement nouvelle débuta pour la commune. Après la mise en place d'un village provisoire en baraquement où furent logées près de 150 familles et la construction d'une église provisoire, la municipalité et la population se lançèrent dans un long travail de reconstruction. Wittenheim eut la chance de bénéficier du soutien matériel et financier de ses villes marraines : Fontenay-sous-Bois, Saint-Cloud et Thiers.

Près de quinze années furent nécessaires pour effacer les plaies laissées par la guerre. La reconstruction d'après-guerre changea totalement sa physionomie qui perdit définitivement son caractère rural. Le 19 mai 1957 est posée la première pierre de la nouvelle église Sainte-Marie de Wittenheim centre. Les 27 et 28 juin 1959, lors des "Fêtes du renouveau", le nouveau Wittenheim-centre est officiellement inauguré : place de Thiers, rues de Saint-Cloud et de Fontenay-sous-Bois, bureau de poste, commissariat de police, commerces. L'église Sainte-Marie est consacrée le 28 juin.

En 1958, la ville de Wittenheim devient chef-lieu du canton ce qui contribue à son rayonnement dans le bassin minier.
En 1972, la mine Fernand ferme, puis se sera le tour de la mine Anna en 1973 et celle de Théodore en 1986.